Association des Pupilles de la Nation Orphelins de Guerre d’Alsace

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L'incorporation de force :
"un crime de guerre"

Motion à l’adresse
des responsables de l’Etat français

Au nom des orphelins de guerre pupilles de la Nation nés de parents morts lors de la seconde guerre mondiale, nous demandons à la nation française le rétablissement du principe d’égalité en raison de la discrimination et de l’injustice dont ils sont victimes du fait des lois de 2000 et 2004, qui ont fait d’eux des oubliés.

L’annexion illégale de l’Alsace et de la Moselle par l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale, sans que l’Etat français ne puisse ou ne veuille s’y opposer, est un fait douloureux pour les habitants de ces régions soumises dès lors à la tyrannie hitlérienne.

Nous rappelons que l’Alsace fut alors administrée par le Gauleiter Wagner qui lui imposa une germanisation à outrance. Les Alsaciens devinrent ainsi les victimes de la politique du Führer : destructions, travail forcé, déportation, assassinats, installèrent le règne de la terreur. Wagner considérait que l’Alsace n’avait alors que le choix entre l’Allemagne et le bolchevisme. Les opposant à sa politique étaient fusillés ou déportés à Schirmeck ou en Allemagne. Il menaçait :

« Celui qui ne veut pas marcher avec nous est notre adversaire, ou alors il est politiquement irresponsable. Il se rendra compte un jour que cela peut devenir désagréable pour lui et sa famille ».

Constatant que les Alsaciens et lorrains ne collaboraient pas à sa politique, Wagner décida alors en 1942, d’incorporer de force les jeunes hommes dans l’armée allemande. De là est née l’idée reçue des alsaciens complices. C’est ainsi que la tuerie d’Oradour-sur-Glane a été médiatisée pour les culpabiliser, alors qu’il y eut d’avantage de collaborateurs parmi la population et les administrations françaises sous la gouvernance de Pétain et de Laval. Par exemple la brigade SS Charlemagne, créée le 23 juillet 1943, était composée d’Allemands et de Français issus de la brigade d’assaut des volontaires français de la SS, une  bande de criminels massacrant souvent des civils.

Or c’est uniquement pour préserver les leurs que les incorporés de force se sont sacrifiés, car en cas de refus ou de fuite, la répression sur la famille était inévitable. Ceux qui ne se présentaient pas étaient recherchés et emmenés manu militari. D’ailleurs les officiers nazis considéraient que les recrues alsaciennes n’étaient pas fiables et les surveillaient de près. C’est pourquoi elles étaient transférées sur le front russe, ou la mort les attendait, soit en défendant leur propre vie, soit en étant abattues ou fusillées pour refus d’obéissance ou désertion, soit donnée par les russes qui, au vu de leur uniforme, ne faisaient pas de différence et les soumettaient, prisonniers, à une autre forme de barbarie.

Ces faits, confirmés par le général De Gaulle en 1947 suite au procès des criminels de guerre nazis : ‘’Les Alsaciens Lorrains ont souffert, bien plus que tous les autres Français, de l’extrême barbarie nazie, parce qu’ils ont été mis à la pointe du combat pour la France, ils n’ont jamais été plus près du coeur de la Nation, ils ont été incorporés de force dans les régiments allemands sans pouvoir dire non, sous peine de voir leurs familles anéanties, soit déportées dans les camps de concentration en Allemagne, soit gazées à Schirmeck.’’

On peut dire sans équivoque que ces incorporations sont des arrestations arbitraires et illégales suivie d’une déportation en Allemagne, pays ennemi ou l’internement même en casernement fut une prison.

D’ailleurs, au lendemain de la guerre, le 20 avril 1946, le Préfet du Bas-Rhin soulignait l’importance politique du procès du Gauleiter Wagner et consorts qui sont accusés de :

1° Provocation de Français à porter les armes contre la France

2° Enrôlement de Français au profit de l’Allemagne, alors en guerre contre la France, en violation des conventions internationales

de La Haye

3° Privation de personnes de leur liberté

4° Assassinats

5° Complicités d’assassinats

La condamnation à mort du Gauleiter Wagner est un jugement politico-judiciaire.

Ces faits historiques, juridiquement établis, confirment l’illégalité de l’incorporation de force, induisant sans équivoque, la notion de déportation politique des incorporés par l’Allemagne et à son seul profit.

Les incorporés de force ont été déclarés ‘’ morts pour la France’’ après une enquête administrative diligentée par le préfecture qui a déterminé que :

‘’Les intéressés ont été mobilisés sous la contrainte et leur attitude au point de vue national a été sans reproche durant l’occupation.’’

Ce document et le jugement du Gauleiter Wagner, ainsi que le plaidoyer su général De Gaulle leur reconnaissant le statut de victime de la barbarie nazie en adéquation aux articles L286 et L290 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre.

Mais aujourd’hui, leurs orphelins, spoliés de la présence et de la protection d’un père, se sentent abandonnés dans un grand désarroi moral et à l’époque sans ressources matérielles.

La France se doit de leur reconnaitre le statut de victime de la barbarie nazie au même titre que les victimes reconnues par les décrets de 2000 et 2004 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre. Toutes les victimes militaires ou civiles innocentes méritent, sans discrimination la même justice et la même reconnaissance du pays des Droits de l’Homme.

 


 

Mise à jour le 31/03/2021